Syndrigasti. Peu de gens connaissent ce mot de nos jours. Jeté, il y a bien longtemps, dans le puits infini des oubliettes de l’humanité, il demeure pourtant omniprésent dans la bouche d’une catégorie particulière d’individus. Autrefois considérés comme des dieux grâce à leurs pouvoirs surnaturels, les êtres particuliers sont aujourd'hui opprimés, rejetés, pourchassés, condamnés à se cacher là où l’humain ne peut les voir. L’humain, et… les corrompus. S’ils étaient autrefois de simples syndrigasti, ces monstres, dorénavant appelés sépulcreux, sont issus de dangereuses expériences et ont sacrifié leur humanité dans l’espoir de pouvoir connaître la vie éternelle, et ce, sans être contraint de vivre reclus, terrés au fond de ce que nous appelons boucles temporelles ; des failles, des espaces créés par des femmes syndrigasti dans le but de recueillir et protéger les particuliers du monde extérieur. Aujourd’hui, ils se protègent des sépulcreux, créatures tentaculaires et invisibles à l'œil nu… Plus que l’ombre de ce qu’ils étaient auparavant, dorénavant réduits à l’état de marionnettes, ils sont à la merci des estres, rares survivants des expériences responsables de ce désastre. Les méchants monstres font peur, mais les plus dangereux sont ceux qui se cachent parmi vous, et pourraient être votre oncle, voisin, ou psychiatre… Infiltrés absolument partout, ils surveillent, de leurs yeux blancs, les allées et venues des syndrigasti dans le monde extérieur.

Protéger les particuliers des estres, c’est la mission que toute bonne ombrune contemporaine se donne. C’est la mission que s’est donnée Miss Magpie peu après la rénovation et l’ouverture de son hôtel de luxe, le Golden Circle. Toute bonne boucle temporelle se forme autour d’une journée des plus parfaites, ainsi, c’est ici et en ce jour qu’elle crée sa toute première boucle temporelle, accessible depuis les égouts de Los Angeles. Ainsi, chaque jour qui passe est constamment le même. Chaque journée se répète. Chaque événement, jusqu’au moindre grain de poussière qui se déplace, se produit, et ce peu importe les circonstances. Les humains présents, malheureuses âmes dupliquées et piégées dans cette faille spatio-temporelle, n’ont pas conscience de tout ça. Ils ne sont que figurants, ne devraient même pas être regardés par les syndrigasti réfugiés ici, particuliers que Miss Magpie part chercher elle-même, régulièrement, afin de les préserver de l’horrible monde qui les entoure et les menace. Particuliers qui, eux, se voient bien forcés de s’habituer à cet étrange rythme de vie. Ils tuent le temps comme ils peuvent ; certains énumèrent religieusement chaque petit événement existant, les notent, et observent, attentivement, les humains qui se réveilleront, le lendemain, sans aucune idée de ce qui a bien pu se passer et de ce qui leur arrivera au cours de cette journée.

Protégés, nourris, habillés, logés, les syndrigasti offrent toute la reconnaissance du monde à leur ombrune. Ils reconnaissent sa valeur, l’importance de sa présence ici, et la respectent, certains plus que leur propre mère. Cependant, il y a une règle qu’ils ne parviennent pas à respecter à la lettre : celle de ne pas discuter ni interagir avec quelconque humain, car l’ennui l’emportera toujours sur les préventions de leur protectrice. Et ces derniers temps, diverses conséquences commencent à s’abattre une à une : les humains changent. Certains ne suivent plus leur routine habituelle. D’autres perdent la tête, deviennent complètement incohérents, sont pris de crises incontrôlables... Le pire dans tout ça ? Certains commencent même à complètement disparaître de la surface de la boucle temporelle. Miss Magpie assure alors à tous ses protégés que tout va bien, que ce n’est rien, qu’elle travaille dessus et qu’elle réparera sa boucle… mais le fera-t-elle réellement ? Est-elle toujours apte à protéger ses particuliers…? A-t-elle ne serait-ce encore que l’ambition de prendre soin de ses protégés…?